Vers une transition agroforestière - « Plus vous cultivez une trogne, plus elle vous apporte »

Written by Emmanuel Parfait.

En organisant cette journée technique sur le terrain, la SRPM a également proposé à Vincent Lefèvre d’échanger autour des haies qui entourent ses parcelles. Des haies avec de belles trognes certes, mais des trognes qui n’ont pas été gérées depuis de nombreuses années. Et comme l’on évoqué de nombreux participants, « une trogne non gérée ne remplit pas tous ses rôles. Plus vous cultivez une trogne, plus elle vous apporte. » Ces arbres aux formes diverses, très présents en Puisaye, résultent d’un mode d’exploitation spécifique, l’étêtage régulier. On leur a coupé le tronc, ou les branches maîtresses, pour provoquer le développement de repousses végétales (rejets).

La coupe périodique, tous les 4-5 ans, donne ainsi une étrange silhouette avec plusieurs troncs, têtes ou bras. Ces arbres avaient jadis un rôle important pour les agriculteurs. Selon les essences, chênes, charmes, saules, frênes, les trognes les fournissaient en bois (pour le chauffage, la fabrication de charbon de bois, fagots de boulange…), en fourrage pour les animaux, en fruits (glands, châtaignes). Les rameaux pouvaient également servir pour des usages domestiques (manches d’outils, piquets, vannerie…).

Intégrées dans les haies, en bord de rivières ou de chemins, les trognes étaient également utilisées comme abris pour les animaux, voire de délimitation pour les parcelles. Mais, au milieu des années 50, la mécanisation de l’agriculture a eu raison des trognes alors que des milliers de kilomètres de haies ont été arasés.