Une transition agro-écologique indispensable
Les attentes sociales européennes en matière d’alimentation, de préservation de la biodiversité et de l’environnement sont de plus en plus importantes. Des experts de l’institut du Développement Durable et des Relations Internationales viennent de publier un rapport sur la nécessaire transition agro-écologique pour répondre à ces enjeux sociétaux. Une démarche prônée par le responsable de Fermes d’avenir, de passage à Orléans.
Mi-septembre, l’Institut du Développement durable et des Relations Internationales a publié un rapport aux conclusions bouleversantes pour la majorité des citoyens mais certainement pas pour les militants et acteurs agricoles convaincus. L’agroécologie, modèle agricole durable, pourrait suffire à nourrir, avec des produits de qualité, l’intégralité du continent européen, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de 40% du monde agricole, et permettant de reconquérir la biodiversité...
Une transition profonde de notre système agricole et alimentaire
Cette transition profonde des systèmes agricole et alimentaire à l’horizon 2050, se base sur des pratiques déjà mises en place par des agriculteurs soucieux de protéger l’environnement : l’abandon des pesticides et des engrais de synthèse, le redéploiement de prairies extensives et d’infrastructures paysagères (haies, arbres, mares par exemple), la rotation des cultures, l’utilisation du fumier pour fertiliser les sols…
Cette révolution agricole évoquée par les experts entraînerait cependant une baisse des rendements allant de 10 à 15%, baisse qui entraînerait une augmentation des coûts de production pour les agriculteurs et une hausse des prix pour les consommateurs. Mais cette baisse serait compensée par une modification profonde de nos habitudes alimentaires. Nos menus, plus sains, seraient moins tournés vers les produits animaliers ou en sucre, mais beaucoup plus riches en fibres, fruits et légumes. Une alimentation qui contribuerait à réduire les problèmes d’obésité, de diabète et de maladies cardiovasculaires.
Fermes d’avenir, acteur de l’agro-écologie
De passage à Orléans à l’invitation conjointe de la mairie d’Orléans et de Loiret nature environnement, Maxime de Rostolan, fondateur de Fermes d’avenir, est venu présenter, dans une salle comble, la démarche agroécologique de sa structure. Ingénieur de formation, ce néo-rural a suivi une formation agricole pour mener à bien son projet agricole sachant qu’il veut prouver que l’agriculture naturelle est rentable par rapport à l’agriculture chimique, intensive et est convaincu qu’il faut développer ce type d’agriculture.
En 2014, il créé, en région tourangelle, une ferme expérimentale s’inspirant de pratiques agro-écologiques où il souhaite développer sur une parcelle de 1,4 ha, 2 à 3 emplois. Après quelques années de fonctionnement, Maxime de Rostolan réoriente le rôle de son exploitation en se fixant comme objectif de contribuer à la transformation de l’agriculture. Fermes d’avenir a donc désormais trois objectifs principaux : produire des produits biologiques de grande qualité, servir de supports à des formations, visites et séminaires, et, enfin, être un support d’influence et de communication.
Depuis sa création, Fermes d’avenir a donc créé un réseau avec plus de 700 fermes agro-écologiques grâce aux diverses activités mises en place, le concours Ferme d’avenir, la plateforme de financement Blue Bees (qui finance l’installation d’agriculteurs), les événements communicatifs (le Tour de France des fermes l’été dernier : le Fermes d’avenir Tour, le film « On a 20 ans pour changer le Monde »), les formations au sein de la ferme de la Bourdaisière, support de Fermes d’avenir (stages, compagnonnages, séminaires…), son réseau social outil d’échange indéniable entre agriculteurs, citoyens.
Fermes d’avenir contribue donc, et ce fut le message de Maxime de Rostolan lors de sa venue à Orléans, à aider les agriculteurs ou ceux qui souhaitent le devenir, à changer de pratiques agricoles pour aller dans le sens du rapport de l’IDDRI (Une Europe agroécologique en 2050 : une agriculture multifonctionnelle pour une alimentation saine). Enfin, pour conclure les échanges entre le militant et le public, la citation d’Olivier de Schutter, rapporteur spécial des Nations Unies pour le droit à l’alimentation qui a publié en 2011 un rapport présentant l’agroécologie comme une solution crédible pour nourrir la planète, était la plus appropriée : « L’agroécologie n’est pas une solution mais la seule ».