Aux fils des toisons, la filière de la laine solognote renaît
Emblème de la Sologne, le mouton solognot, après avoir subi un très fort déclin, fait son retour sur son territoire d’origine grâce à la passion et motivation d’éleveurs ou d’acteurs du territoire. Certains d’entre eux souhaitent maintenant valoriser la laine des moutons solognots en circuit court.
Valoriser un produit local
Jadis valorisée dans les campagnes par les éleveurs, la laine des moutons de nos territoires est délaissée au profit des fibres synthétiques depuis les années 1980. A cette époque, elle est devenue un sous-produit, voire un déchet de l’élevage, certains éleveurs la brulant même dans leur champ pour s’en débarrasser !
Mais, grâce à la motivation de passionnés, des initiatives locales essaiment un peu partout en France pour la revaloriser. La coopérative Ardelaine, en Ardèche, est précurseuse de ce mouvement. En Sologne, la jeune association Aux fils de Sologne, qui regroupe des passionnés de laines issues des toisons de moutons solognots, a pour but, comme l’explique sa présidente Alexandrine Parmentier, « la valorisation et la transformation des fibres issues du mouton Solognot, avec un accent basé sur les productions locales et éco-responsables. Il s’agit aussi d’apporter un soutien aux éleveurs de proximité s’engageant dans cette démarche et de valoriser des techniques de transformation artisanales ».
Désireuse de valoriser les produits locaux, l’association travaille avec des éleveurs solognots possédant des troupeaux de moutons solognots exclusivement. « La sélection des moutons est importante pour avoir une belle laine. Il faut un troupeau d’un très bon état sanitaire. La manière dont est mené l’élevage est également important, nous privilégions l’élevage en plein air plutôt que dans les bergeries. La qualité de la nourriture joue également un rôle primordial sur la qualité de la laine. Les éleveurs en sont garants. Nous voulons faire une belle laine, notre objectif est de faire quelque chose de beau », s’enthousiasme Alexandrine Parmentier qui a suivi une formation à l’école de la laine de Poitiers (tri, filage…) pour mener à bien ce projet.
Mais, si l’objectif est bien de travailler principalement avec des acteurs locaux, la disparition de la filière de la laine dans notre région oblige l’association à travailler avec les derniers artisans des régions voisines. « Après avoir trié la laine et enlevé les débris végétaux, les mèches souillées par des crottes et feutrées, et celles du ventre, qui sont trop courtes pour être intéressantes, nous l’envoyons en Haute-Loire pour être lavée sans traitement, avec des cristaux de soude et au savon noir. Puis, elle est transformée en fil à Felletin-en-Creuse dans l’une des dernières filatures artisanales françaises », explique la présidente. L’association assure ensuite la commercialisation ou la transformation en de très beaux produits.
Transmettre pour mieux connaître
Pour fédérer, entraîner de nouveaux éleveurs, particuliers possédant des moutons ou passionnés de la laine de moutons solognots, l’association Aux fils des toisons développe des animations et formations au sein de sa structure ou avec d’autres associations partageant les mêmes valeurs, comme à la maison botanique de Boursay par exemple (Loir-et-Cher). « Notre objectif, précise Alexandrine Parmentier, est aussi de valoriser les anciens savoir-faire et redonner à la laine toute sa valeur. Nous faisons du filage, cordage, feutrage et utilisons les déchets du jardin ».
Une démarche qui permet de mieux faire connaître le travail de la laine, notamment en valorisant l’ensemble des toisons, la laine ne produisant aucun déchet et étant totalement biodégradable. Dans le jardin, la laine peut être déposée au sol comme paillage, elle retient l’humidité sur le pied. « J’utilise cette méthode dans mon jardin et j’arrose très peu, une fois par semaine. Les résidus peuvent aussi être utilisés comme godet ou plaque pour les semis », souligne la présidente d’Aux fils des toisons.
En lançant cette démarche de valorisation locale, Aux fils des toisons souhaite également acheter la laine à son juste coût pour créer un nouveau débouché pour les éleveurs. Vendue en Chine au prix de 20 centimes par kilo, pour revenir ensuite en France, la laine de moutons solognot est rachetée par l’association 2 € par kilo. « En sachant que le coût d’une tonte est d’environ 1,60 € par mouton. Cet achat permet aux éleveurs de rentrer dans leurs frais, ce qui n’est pas le cas actuellement », explique Alexandrine Parmentier.
Au fil des toisons, qui souhaite fédérer de nouveaux éleveurs et adhérents, vient d’obtenir la reconnaissance de l’ATELIER* Laine d’Europe, qui témoigne de la qualité du bon travail développé par l’association. Une distinction qui ouvre des opportunités à la nouvelle filière de la laine de moutons solognots. Si vous souhaitez contribuer au renouveau de la laine de moutons solognots, n’hésitez pas à joindre Alexandrine Parmentier.
Pour contacter Aux fils de toisons : https://www.facebook.com/AuxFilsdesToisons/
Aux fils des toisons - Atelier de l’Angevinière 13, rue des angevins 41120 Cellettes
Renseignements : 06 31 47 33 38.