L’or qu’a Manu

Écrit par Olivier Rigaud. Publié dans CULTURE

Un album signé Manu Lorcat est en cours de production au studio Nyima de Saint-Jean-le-Blanc. Rencontre.

Il a la voix d’une falaise rongée par la houle, le visage d’un marin fouetté longtemps par les vents du large, les pognes épaisses d’un ouvrier à la solde de personne, les mots d’un poète sur la route et la tendresse du rockeur qui tombe le cuir. Il s’appelle Manu Lorcat. Il est parti de la région parisienne, il a fini par atteindre la Sologne via le Canada et une vie aux Antilles plus tard. C’est le hasard qui l’a ramené sur nos terres mais, d’une certaine façon, comme un message caché derrière le texte d’une chanson, c’était écrit.

Manu fait la connaissance de Pierre Billon, auteur-compositeur, proche de Michel Sardou et Johnny Halliday, en région parisienne, et travaille avec lui pendant deux ans. L’horizon musical étant bouché en France, il part au Canada et lance une carrière qui le mène en Martinique. Une fois sur place, il arrache les cordes de sa guitare, pense faire autre chose « les pieds dans l’eau ». Mais la musique le rattrape, il y joue et chante des reprises pendant vingt-cinq ans.

 

Après l’avoir déjà croisé dans les années 1990 dans la boutique de Harley de Pierre Billon à Saint-Cloud, Céline Gorget, artiste bien connue dans le secteur, trouve Manu en Martinique, l’entend chanter et se dit « whaou ! il y a un truc ! » Ils discutent, il lui montre d’anciens textes, elle se prend à rêver avec lui. « Rien de rationnel. Il a une voix, une présence, une générosité sur la scène. »

Il la rejoint dans le Loiret, présente 5-6 textes à Térence Briand, du studio Nyima à Saint-Jean-le-Blanc, instantanément séduit par une prestation voix-guitare de Manu. La graine de l’album est semée. Une couleur pop rock blues. Régis Savigny, entre autres guitariste de Charlélie Couture, prend la fonction de directeur artistique.

De nouvelles compositions apparaissent, des textes sont travaillés collégialement avec notamment Bruno Gillet, Céline Clerfeuille ou Jules Amel, pseudo d’Hervé Le Roux (« Tu me disais »), l’un est signé Pierre Billon (« Tout au bout de l’autor »), un autre vient du répertoire de Julien Clerc (écrit par la poétesse Marceline Desbordes-Valmore). 12 titres au total forment finalement l’album Décollement de Routine, qui sortira en février-mars 2018.

« Dans Décollement de routine, convient Manu, il y a l’idée de changer de route, c’est le fil conducteur, une sorte de road-movie ». « Il est question de beaucoup d’amour aussi, ajoute Céline, de la désillusion et de l’espoir. Une forme de mélancolie sentimentale. » C’est un album en phase avec le parcours de Manu, une manière cohérente de partager ce qu’il ressent désormais.

Dans « Tu me disais », il nous entraîne dans sa quête d’absolu, malgré les doutes qui planent sur le chemin qu’il faut emprunter. « Tout au bout de l’autor » révèle sa force et sa douceur, avec une guitare basse puissante et magnifique. Nous ne sommes plus en été ni en hiver, nous sommes au printemps et à l’automne, quand tout finit et que tout recommence. Au fil de « Notre histoire déraille », alors qu’on regarde le train quitter le quai, qu’on s’absente de soi, on glisse « vers d’autres rêves ». « Faute de mieux » souligne toute la subtilité, la précision des ces musiciens, notamment l’harmonica qui, tout en finesse, vient rehausser l’ensemble.

« On défend l’idée de la variété, ce rock qui balance des années 70, se passionne Céline. C’est un truc que tout le monde a envie d’entendre !  Manu a un cœur à donner, c’est un mec de scène ! » Des chefs d’entreprises de La Ferté-Saint-Aubin ont d'ailleurs décidé de participer au financement de la production après l’avoir rencontré lors d’un spectacle. « Un artiste doit faire de la scène, beaucoup vendent des disques hors des majors, mais la rencontre avec le public, il n’y a que ça de vrai », confirme t-il.

Réunis dans le cercle rouge comme s’il ne pouvait pas en être autrement : au moment donné, ceux qui doivent se retrouver se retrouvent. Pour cette belle équipé aimantée par Manu Lorcat, le moment est venu !

Olivier Rigaud

Manulorcat.com