Le projet de ligne à grande vitesse divise

Écrit par Rédaction Terres de Loire. Publié dans Opinions

L’enterrement du POCL est salué par les écologistes :

« Il y a quelques semaines, le Comité d’orientation des infrastructures (COI), présidé par Philippe Duron, remettait à la ministre des Transports, Elisabeth Borne, son rapport conclusif pour une priorisation des infrastructures de transports. S’agissant du projet de ligne à grande vitesse Paris-Orléans-Clermont-Lyon (POCL), ce rapport voté à l’unanimité par des élus de tous bords politiques, considère « qu’il est pertinent, au moins jusqu’à un éventuel réexamen dans dix ans de la question, de ne pas poursuivre les études du projet ».

 

Le rapport du COI reprend à son compte un argument développé depuis longtemps par les écologistes : la saturation de la LGV actuelle entre Paris et Lyon n’est pas d’actualité et n’interviendra en tout état de cause pas avant 2038, « du fait notamment de la mise en place du système d’exploitation ERTMS49 et de l’entrée en service de matériels TGV plus capacitaires ».

Il était temps que la mystification orchestrée depuis plusieurs années autour du POCL prenne fin, alors que chacun sait en réalité qu’il ne verra pas le jour avant un avenir très lointain et qu’il n’aurait de toute façon pas apporté de réponse adéquate aux attentes réelles des habitants du Cœur de France en matière de déplacements. Dès l’origine, les élus écologistes au Conseil régional Centre-Val de Loire ont tenu à questionner d’abord sa pertinence, en prenant en considération ses impacts environnementaux et son coût exorbitant (au moins 15 milliards d’euros). Cela nous a conduits en particulier à refuser de participer à la bataille des scénarios du POCL.

Que de temps et d’argent perdus depuis 10 ans autour de ce projet de ligne à grande vitesse ! Et ce n’est pas terminé : La Nouvelle République du 15 mars (édition Indre) a révélé que les Régions Île-de-France, Centre-Val de Loire et Auvergne-Rhône-Alpes, afin de reporter encore de quelques mois l’enterrement du POCL, souhaitent prendre à leur charge une « tierce expertise » dont le coût est estimé à 600 000€.

Plus que jamais, il convient d’arrêter d’orienter l’argent public vers de nouveaux projets de LGV et au contraire d’investir massivement en faveur de la maintenance, du renouvellement, de la modernisation et de l’optimisation du réseau ferroviaire existant, dont le vieillissement est très inquiétant. Alors qu’un autre rapport, remis au gouvernement par Jean-Cyril Spinetta, préconise la suppression à terme de 9 000 kilomètres de « petites lignes », la priorité doit enfin être accordée aux déplacements du quotidien !

En cherchant à croiser les approches et les problématiques propres à chaque territoire, les élus écologistes des différentes Régions concernées ont élaboré une alternative interrégionale commune aux projets de LGV POCL et Poitiers-Limoges. Cette alternative se base sur 3 axes structurants du réseau existant (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, Nantes-Tours-Bourges-Lyon et Paris-Nevers-Clermont) tout en envisageant des infrastructures nouvelles là où elles sont nécessaires (entrée de l’agglomération lyonnaise, Y renversé au sud de Paris). Cette alternative serait 3 fois moins chère que l’addition des projets de LGV POCL et Poitiers-Limoges.

L’élaboration de cette alternative interrégionale par les écologistes a permis de définir un concept nouveau pour les déplacements moyenne-longue distance dans le Cœur de France et qui pourrait être adapté à d’autres parties de l’Hexagone : le Train à Haut Niveau de Service (THNS) qui concilierait rapidité, maillage des territoires, fiabilité, confort, accessibilité financière. Les élus qui se mobilisent aujourd’hui en pure perte pour obtenir du gouvernement qu’il « sauve » le POCL seraient mieux inspirés de prendre en considération cette alternative THNS et de financer une étude en ce sens. »

Les élus du groupe écologiste au Conseil régional Centre-Val de Loire