Dans le cadre des élections régionales qui se tiennent les 6 et 13 décembre 2015, votre magazine Terres de Loire interroge les candidats du Centre Val de Loire.
Farida Megdou, liste Lutte ouvrière, Orléans
La candidate de ce parti n’a pas de programme précis pour la Région, et ne s’en cache. « Je ne vais pas mentir, je ne serai jamais élue à la présidence de la Région, même pas comme conseillère puisqu’il faut au moins 10% des voix pour accéder au second tour. Et il est hors de question de s’allier avec d’autres partis qui sont tous à dire qu’il faut aider les entreprises, ce qui revient à piller les caisses publiques. » Selon elle, les élus locaux ne font que décliner des politiques nationales. Donc, ce sont des idées à caractère national qu’elle exprime : « le problème numéro 1 est le chômage. Il faut interdire les licenciements. Il ne faut plus que le profit soit le moteur. Il faut répartir le travail. » Elle veut aussi la fin de l’opacité dans le monde des affaires. « Si on dénonce une malversation au sein d’une entreprise, on risque le licenciement et des poursuites pénales. Dans la rue, si vous ne dénoncez pas un voleur, vous êtes accusé de complicité Même la nature, il faudra la gérer différemment, seulement on ne soumet jamais les actionnaires au suffrage universel. » Si elle était élue, elle soutiendrait « toutes les mesures de soutien à la population, et serait les yeux et les oreilles du peuple ». Pour changer les choses, elle compte sur la mobilisation des gens, pas sur les élections. « Tous les grands changements de société se sont faits par la rue, la mobilisation de tous, pas par des élections. » Elles sont seulement une tribune pour faire avancer leurs idées, les présenter et « mobiliser ».
Alix Penloup, liste Debout pour la France, Bourges
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
« Nous voulons développer l’apprentissage. Pour les jeunes, la difficulté n’est pas de trouver une place en CFA mais un patron. Ce sont souvent des jeunes déjà en rupture, qui se cherchent, il faut les aider. On prendra les jeunes en charge dans l’entreprise. Mais sur quelques mois seulement car sur toute la durée, ce serait trop chère. » Dans les lycées, elle souhaite installer des tourniquets avec un badge comme dans le métro car « tout le monde peut rentrer sans contrôle ». Le personnel qui s’occupe des accès serait alors réorienté vers des tâches plus « en rapport avec l’éducation ».A mi-chemin entre l’éducation et l’aménagement du territoire, elle veut la gratuité des transports scolaires. « Il y a une rupture entre la ruralité et les grandes villes, il faut accompagner le choix de la ruralité. Cela en fait partie. »
Développement économique.
Pour les entreprises, elle veut scinder en deux le budget déjà alloué. Il y aurait les subventions et autres aides « traditionnelles » et une plate-forme régionale participative pour les PME-TPE. « Il faut recréer du lien ». Les entreprises lanceraient des appels au financement de leurs projets, et la Région financerait ces projets en proportion aux fonds levés. Une façon de faire moins compliquée et plus directe selon elle.
Aménagement du territoire, transports.
Elle souhaite étendre le pass TER-Bus « qui n’est pas encore dans toutes les villes comme Issoudun et Bourges ». Une des mesures phares de son programme concerne le train. « Plus de TER et mieux adaptés en terme d’horaires et de dessertes. Si les gens ne prennent plus le train, c’est qu’il n’est pas adapté à leurs besoins. » Le budget de la Région Centre Val de Loire affecté à cette cause passerait « de 7% à 10% ». Il y aurait des rénovations de lignes comme Orléans-Chartres et un rééquilibrage du maillage qui se fait « trop au profit de l’axe Orléans-Tours ».
En dehors du champ des compétences de la Région, elle prône « une moralisation de la vie politique ». Cela passerait par la réduction des indemnités des élus par rapport à la présence mais également du travail fourni par rapport à des objectifs de début de mandat.
François Bonneau, PS, Orléans
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
Le président sortant souhaite construire deux nouveaux lycées au nord de l’Eure-et-Loir et dans le Loiret, secteur Châteauneuf / Sully-sur-Loire pour répondre à des poussées démographiques dans ces zones là. Il compte affecter 15 millions d’euros par an pour la rénovation en termes de performance énergétique des établissements déjà existants (isolation, nouvelles sources d’énergie,…). « Selon les cas, cela représente une économie de 40 à 50% des frais de fonctionnement ». Sur les cent lycées de la région, 37 ont déjà été rénovés pendant sa précédente mandature.
Développement économique.
« Les compétences de la Région évoluent, dont celle économique est la plus importante. Avec ces nouvelles responsabilités, une responsabilité plus forte. Nous allons doubler les aides pour le développement et l’innovation des PME (de 20 à 40 millions d’euros). » Pour accompagner ces entreprises qui ont un « vrai potentiel », il y aurait l’instauration d’un guichet unique de proximité pour les aides, les conseils, etc. « Ce n’est pas à partir d’Orléans mais dans chaque département que nous serons à leurs côtés. »
Aménagement du territoire, transports.
« Comme en 1998 avec la gratuité des manuels scolaires, l’objectif est la gratuité des transports scolaires, en particulier dans les secteurs ruraux. Cela représente 130 à 140 € par enfant et par an. » La Région obtiendra cette compétence en septembre 2017 jusqu’alors dévolue au Département.
Il veut accélérer le développement des liaisons ferroviaires voyageurs comme Chartres-Orléans, Orléans-Châteauneuf, Tours-Loches. De même, « continuer le travail sur le fret » avec les gares de Châteauroux ou encore Pithiviers. « Pour que les céréales ne reviennent pas sur la route, sources de dangers et de pollution. »
Pour l’aménagement, il compte renforcer la présence médicale sur le territoire. « 58 maisons de santé pluridisciplinaires ont été construites, 16 sont en construction, 50 de plus le seront dans les 5 ans qui viennent. » Le haut débit d’ici 2020 dans toutes les villes moyennes ou encore la disparition totale des zones blanches en terme de téléphonie. Enfin, pour le tourisme, « qui génère 32000 emplois aujourd’hui, sera encouragé pour arriver à 40 000. » Sur l’exemple de la Loire à vélo, il veut faire la région à vélo autour du chemin de Saint-Jacques, de la Sologne, des châteaux et autres. « La Loire à vélo, c’est 50 millions d’euros d’investissement et 17 millions de retombées par an avec l’arrivée de touristes. C’est remboursé en trois ans. »
Thierry Fouquiau, UPR, Janville
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
Il veut mettre l’accent sur une simplification des démarches administratives pour les employeurs et jeunes en apprentissage et encourager ce mode de formation car « c’est le plus sûr moyen de déboucher sur un emploi durable ». Il veut rénover les lycées en zones dites sensibles, et a contrario de nombreux candidats, mettre un frein sur le numérique. « Le numérique est vite obsolète. Il faut au contraire revenir au transfert de connaissances. L’école sera un sanctuaire sans numérique. » Il veut aussi encourager à l’ouverture vers d’autres cultures (japonaise, russe, etc.) par opposition à celle anglo-saxonne qui « est privilégiée au travers de la langue par exemple ».
Développement économique.
Il veut réorienter les aides en priorité vers les PME et l’artisanat mais avec des critères qui entraineraient des sanctions aux entreprises qui ne les respectent pas. Il augmenterait aussi les fonds pour la recherche et le développement. Vis-à-vis des banques, il veut créer un fonds de garantie pour les PME qui serait un système alternatif. En parallèle, Thierry Fouquiau veut « mieux superviser et accompagner les chambres de métiers ». Une partie de l’argent nécessaire à ses projets viendrait à sortir de la Communauté européenne. « La France verse 22 à 23 milliards pour les fonds FEDER, mais ne reçoit que 14 milliards. On aurait donc 9 milliards de plus par an à investir. » Des économies seraient faites en divisant par deux le nombre d’élus régionaux et de vice-présidents. Des « coupes sombres » seraient faites également dans leurs dépenses (voyages, voitures de fonction, etc.).
Aménagement du territoire, transports.
L’aménagement passe par le très haut débit et la téléphonie car cela contribue « à maintenir le service public ». Les grands projets tels que A19 ou A154 seraient soumis à des référendums. « Cela redonnerait aussi goût aux citoyens » pour la démocratie et les affaires publiques. En terme de transports, il s’oppose à la « privatisation du TER » et veut privilégier les lignes SNCF par rapport à la route, en particulier, le ferroutage. « On ne calcule jamais le coût sur les infrastructures routières dans les comparaisons. Sur le territoire, il y a 8% de macadam, il faut maintenant réfléchir à réduire les routes ou du moins faire une pause. Mais c’est un débat national, pas propre à la région. »
Charles Fournier, Europe-Ecologie Les Verts, Orléans
Le programme de ce candidat est axé autour de « 150 propositions élaborées pour la région, depuis un an », consultables sur leur site. Donc, dans le cadre de chaque compétence de la Région, il préfère donner une sorte de philosophie qui accompagne ces projets concrets.
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
« Il faut renouer le lien avec la nature. Qu’elle regagne du terrain même dans nos villes. » C’est donc un grand programme d’éducation de la nature et à l’environnement, qui guidera leur projet. Il souhaite une prise de conscience dans des exemples concrets pour une meilleure compréhension du patrimoine naturel.
Développement économique.
« Il faut une cohérence des enjeux climatiques et planétaires. C’est donc changer de modèle, une transition écologique et sociale de l’économie. » Cette transition serait une chance plutôt qu’une contrainte. « Un potentiel de 10000 emplois locaux d’ici 2020, avec des coopérations locales d’entreprises. » Les axes sont d’encourager une économie sociale et solidaire, une agriculture biologique et paysanne, le développement du tourisme, « des secteurs créateurs d’emplois ». Pour fixer le cap, des états généraux de la transition donneraient « un cap, une incitation à l’innovation ». La région serait « un territoire d’initiatives, de coopérations et de résistances ». « Ce n’est pas un territoire centré sur une métropole. » Par exemple, cela passe par la production locale d’énergie, un développement endogène des productions et des centres locaux de résistance à la crise. « Il faut s’appuyer sur l’énergie inépuisables des citoyens qui font déjà beaucoup, qu’il faut accompagner. »
Aménagement du territoire, transports.
Il veut instaurer le bien vivre, ensemble, et l’épanouissement. « La coopération va permettre l’égalité. » Cela passe par les transports, bien sur, mais également l’accès au sport, à la culture. Par exemple, plutôt que de soutenir un club professionnel ou une discipline d’excellence, ce serait que chacun puisse pratiquer un sport près de chez lui. L’aménagement passe aussi par « une revivification de la démocratie, avec la participation des habitants aux projets, par de nouveaux droits ». Ce serait le « droit d’initiative des citoyens, qui avec 20000 personnes, pourrait obliger le conseil régional à étudier le projet souhaité ». A posteriori, il y aurait également « le droit de contre expertise », qui permettrait aux citoyens d’avoir les moyens (financiers entre autres) de faire réexaminer des projets voulus par les élus.
Philippe Vigier, Les Républicains, Chartres
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
Pour ce candidat, le CFA est « la filière d’excellence ». Elle concerne bien sûr les jeunes, mais également « l’évolution tout au long de la vie professionnelle ». Pour cela, il souhaite « inventer des écoles de la 2e chance pour les 7000 décrocheurs scolaires ». Pour cela, il faut « mettre l’accent sur ces lieux de vie et amener les entreprises en milieu scolaire, faire tomber les murs ». Cela passe par une utilisation des locaux en dehors des heures scolaires où se côtoient les deux mondes de la formation et du travail, l’apprentissage des langues… « Ce sera plus simple car la Région sera le chef de file. »
Développement économique.
« Tout d’abord, un grand plan de simplification car le parcours administratif est décourageant pour le monde du travail. » Il veut mutualiser les moyens avec ceux des autres collectivités locales pour faciliter la mise en réseau et l’exportation de chaque PME. Il veut créer un fond de garantie régional pour faciliter la transmission d’entreprises, l’innovation, les start-up… « On sait que le problème majeur reste le financement, cela apporte des garanties. » Au sein de la Région, une préférence régionale serait également de mise pour les marchés ouverts à l’appel à la concurrence. « On choisit le mieux disant, ce qui permet de soutenir des savoirs faire locaux ». Face au désengagement de l’Etat, il adopte un plan de relance du BTP. « 100 millions d’euros sur la table en deux ans. » Et pour trouver l’argent à ce plan, ce serait des économies de fonctionnement de l’institution (mutualisation de moyens, pyramide des âges des employés mais en ayant toujours les salariés nécessaires) et par l’emprunt « vertueux », c'est-à-dire qui permet de la croissance, donc du développement économique et des revenus. Enfin, en matière agricole, il veut privilégier les circuits de proximité et la consommation dans la région. « Transformation locale engendre valeur ajoutée, donc des profits, donc de l’investissement et au final des emplois. », argumente-t-il.
Aménagement du territoire, transports.
Au niveau du transport de fret par le rail, le candidat est favorablement à son développement grâce à des partenariats public/privé, de façon à créer un opérateur efficient dans ce domaine. Il soutient également les projets de lignes comme Orléans-Châteauneuf ou Chartres-Orléans. L’aménagement passe aussi par la fibre optique pour tous, car « c’est un moyen de lutter contre le désert rural à plusieurs titres car c’est l’économie du futur, le développement durable, un usage familial, pour l’éducation et une économie de transports ». Mais elle ne doit pas faire oublier « la fracture téléphonique, il n’y a pas deux communes en zone blanche comme l’affirme l’Arcep (autorité de régulation des télécommunications), mais 150 ». Il veut aussi « un pacte de ruralité pour cette population qui se cherche, mais qui augmente surtout dans le nord de la région ». Concrètement, ce serait intervenir au près des commerces, des entreprises, de tous les acteurs de ces territoires pour se maintenir et prospérer. « Une reconquête avec un fond de garantie que je vais créer pour que l’on soit là. » Enfin, il veut encourager les transports intermodaux (trains et trams) avec la carte Navicentre. Une carte Navijeune à 10€ permettrait aussi aux plus jeunes de voyager dans la région pour le quart du prix.
Nicolas Sansu, Front de gauche, Vierzon
Domaine de l’éducation, de la recherche et de l’apprentissage.
Nicolas Sansu présente des résolutions qui « doivent accompagner le quotidien des habitants face aux différentes crises qu’elles soient sociales, environnementales ou démocratiques ». Pour ce faire : « Nous assurerons à chaque chômeur une formation. Nous baisserons les prix de la restauration collective. Nous avons initié la gratuité des transports scolaires dans le cher, nous la mettrons en place dans la Région et nous créerons un «pass mobilité . Nous proposons que les milliards en dépôt dans les banques de la région constituent un Fonds régional pour l’investissement public, les petites entreprises, la transition écologique et pour l’emploi et la formation. Nous doublerons le soutien au sport et à la culture dans les 5 ans. »
Développement économique.
En terme économique, « nous obligerons à la création ou au maintien de l'emploi pour chaque aide économique versée. Les entreprises qui licencient en étant en bonne santé devront rembourser l'intégralité des aides publiques perçus. Nous proposons que les milliards en dépôt dans les banques de la région constituent un Fonds régional pour l’investissement public, les petites entreprises, la transition écologique et pour l’emploi et la formation. Nous proposons de réorienter le cice (230 millions d’euros par an en région centre-Val de Loire) pour développer des emplois durables et vers les collectivités territoriales lourdement ponctionnées par l’Etat. La baisse des dotations pour le conseil régional est de 17 millions pour la seule année 2015. Nous créerons une association pour le maintien de l’agriculture Paysanne (AMAP) par canton. Nous valoriserons les productions bios et raisonnées, locales, dans la restauration collective ». Dans cette idée de soutien et d’investissement, il souhaite faire rénover 2000 logements sociaux par an. Enfin, la Région aidera 2000 familles pour les travaux d’isolation énergétique.
Aménagement du territoire, transports.
« Nous créerons 50 « centres » et maisons de santé dans les 5 ans à venir sur tout le territoire pour se soigner au plus près de son domicile. » Des projets qui sont déjà dans le plan régional, mais qui « reste à concrétiser ». Le candidat propose aussi des efforts pour redonner des envies de démocratie aux citoyens. « Nous proposons donc un contrôle concret de l’utilisation de l’argent public pour l’attribution des financements. » En ce qui concerne les transports, « nous avons initié la gratuité des transports scolaires dans le Cher, nous la mettrons en place dans la Région et nous créerons un pass mobilité ».
Philippe Loiseau, Front national.
A noter que malgré nos sollicitations, nous n’avons pas pu interroger le candidat Front national, Philippe Loiseau.