Restauration d’une friche
Comment une jeune exploitante bio s’installe en Sologne : Marianne Hémon franchit un à un les obstacles naturels et administratifs qui se dressent sur son chemin.
Traiter de l’agriculture en Sologne revient trop souvent à évoquer son déclin, la disparition des agriculteurs et la fermeture du paysage… De nombreuses initiatives visant à développer une agriculture durable, portées par de jeunes agriculteurs motivés, méritent pourtant d’être mises en lumière.
Dans le cadre d’une reconversion professionnelle, Marianne Hémon vient de s’installer à Loreux (Loir-et-Cher), en tant qu’agricultrice biologique, dans une ferme familiale dont les terres ne sont plus exploitées depuis plus de 15 ans. « Je souhaitais m’installer ici en agriculture biologique : c’est pour moi la seule pratique durable. Je fais du maraichage bio à traction animale car, d’une part, je suis passionnée d’équitation et, d’autre part, la traction animale présente nombre d’avantages sur le plan agronomique », souligne Marianne Hémon. Pour autant, elle utilisera un tracteur pour la gestion du foin, pour girobroyer les pousses des arbustes afin d’éviter toute re-fermeture du paysage, et pour l’entretien autour de l’exploitation.
Salariée chez un fabriquant de panneaux solaires en Haute-Savoie, Marianne Hémon a profité de son droit individuel à la formation pour passer un diplôme agricole, obligatoire pour gérer une exploitation. Fin septembre 2015, elle a donc lancé son installation, qui a pris « administrativement effet » début mars.
Adhérente au groupement d’agriculteurs biologiques de la région Centre-Val de Loire, elle est à l’écoute de tout conseil et suit encore des séminaires techniques, des formations sur le travail avec des chevaux de trait ou sur la planification des cultures, assiste à des réunions thématiques...
« Je partage, j’échange avec d’autres exploitants, je me constitue un réseau. En nous regroupant, nous passons des commandes communes, qui nous permettent de réduire nos frais... Il y a beaucoup d’entraide : les techniciens maraichers font des visites techniques sur les exploitations, on ne se sent vraiment pas seul. C’est important, notamment quand on se lance dans le métier ».
Un cheval de trait
Mais, si son projet est bien monté, Marianne Hémon n’a pas choisi la facilité. S’installer sur des terres délaissées depuis une quinzaine d’année nécessite une importante ouverture du paysage. La végétation reprend vite ses droits sur des terres abandonnées. Les terres qui seront exploitées en maraichage ont dû être débroussaillées, notamment avec
la participation du cheval de trait qui aide à déraciner les souches des arbustes, les chênes et les pins... Pour le verger et le poulailler, envahis par les ronces, Marianne Hémon a été aidée par les adhérents de l’association Sologne Nature Environnement, basée à Romorantin.
« Tous les ans, nous organisons avec les bénévoles de l’association un chantier nature. Cette année, nous avons décidé d’aider Marianne, une de nos adhérentes, d’autant que sa démarche est totalement en cohérence avec nos idées. Le chantier s’est très bien déroulé, dans la bonne humeur, et la quinzaine d’adhérents présente était très contente
d’avoir pu participer à un tel projet de territoire », explique Gwendoline Daragon, animatrice nature à Sologne Nature Environnement. Une démarche solidaire d’une grande efficacité !
Le poulailler, après avoir subi quelques réparations, accueillera prochainement ses premiers locataires et, dans le verger nettoyé, de nouveaux fruitiers seront bientôt plantés. Quant aux terres vouées au maraichage, Marianne, après avoir semé un couvert hivernal pour les enrichir, les prépare actuellement avec l’aide de son Comtois trotteur. « Je vais diversifier ma production avec, comme principe, dix types de légumes par saison. Mon objectif est d’avoir des légumes pour le début de l’été », souligne Marianne.
Elle va, dans un premier temps, les commercialiser en vente directe dans une ferme à Romorantin, où elle tiendra un stand le vendredi, et elle alimentera un restaurant de Salbris. Ses ventes se feront également via son site Internet avec des livraisons de paniers pré-commandés. A l’avenir, d’autres lieux de distribution compléteront ces points de ventes.
Emmanuel Parfait
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